Déjà 18 mois de procès
Voila 18 mois que le procès de Thomas Lubanga devant la Cour
Pénale Internationale a débuté. Thomas Lubanga
est accusé de crime de guerre pour avoir recruté, enrôlé
et utilisé des enfants soldats en 2002 – 2003 durant le
conflit interethnique qui a ensanglanté l'Ituri (nord-est de
la RDC), alors qu'il dirigeait l'UPC (Union des Patriotes Congolais),
un des groupes rebelles.
Depuis janvier dernier, la défense tente de décrédibiliser
les témoins de l'accusation en prétendant qu'ils ont été
amenés à mentir par les intermédiaires utilisés
par les enquêteurs du Bureau des Procureurs (BdP)
Un ancien suspect refuse de parler aux procureurs
La semaine précédente (voir l'info
lettre n° 31) les procureurs espéraient pouvoir interroger
le 'témoin 3', ancien suspect, notamment sur le rôle joué
par les intermédiaires. Celui-ci vient d'exprimer un refus net
et clair de participer à cet entretien.
Deux intermédiaires et deux enquêteurs
seront bientôt entendus par la cour
A la demande impérative des juges, les procureurs présenteront
dans les jours qui viennent deux intermédiaires et deux enquêteurs
utilisés par le BdP. Cela leur posait des problèmes de
disponibilité, un enquêteur ne travaillant actuellement
plus pour la CPI, et d'obtention de visas. Cela pose aussi de très
gros problèmes de sécurité pour les intermédiaires
qui sont des personnes habitant en Ituri.
Les procureurs contre-attaquent
Incohérence dans les registres des écoles
Lors du contre interrogatoire de l'inspecteur de l'enseignement qui
a fournit à la défense des listes d'inscription d'élèves
dans les écoles de Bunia en 2003, et que celle-ci utilise pour
démontrer que certains témoins ont menti, le procureur
Manoj Sachdeva a fait remarqué qu'il y avait des incohérences
dans ces listes. Des inscriptions de 2002 succédaient à
celle de 2003… Le témoin a reconnu que ces registres étaient
mal tenus dans certaines écoles, que les enseignants faisaient
des dossiers temporaires,. Il a reconnu que s'il avait reçu ces
registres de directeurs d'écoles, certains documents lui avaient
été remis par M. Dieudonné Mbuna, un enquêteur
de l'équipe de défense.
Des témoins seront rappelés à
la barre par les procureurs pour réfuter les arguments de la
défense
Les procureurs ont demandé la possibilité de rappeler
à la barre au moins quatre témoins. Entre autre le premier
témoin de l'accusation, le 'témoin 38' qui avait déclaré
être un ancien enfant soldat (voir
info lettre n° 3-1 et 3-2). Il a été présenté
aux enquêteurs du BdP par l'intermédiaire 316' un des deux
intermédiaires dont on attend bientôt la déposition.
Le 'témoin 38' devrait affirmer qu'on ne lui a jamais demandé
de mentir.
La fiabilité des dossiers scolaires en Ituri durant les périodes
de trouble devrait être remise en cause par le 'témoin
551', ce qui démonterait les arguments de la défense sur
l'âge des témoins de l'accusation.
Climat de peur à Bunia
Les procureurs demandent à réentendre le 'témoin
555' sur le climat de peur et d'intimidation que font régner
les partisans de l'UPC dans la ville de Bunia, principale ville de la
province, surtout envers ceux qui collaborent avec la CPI.
Un père, le 'témoin 555' témoignerait sur l'âge
de ses deux fils, témoins de l'accusation, ainsi que sur des
menaces et des intimidations de la part de partisans de l'UPC et d'une
personne ressource de l'équipe de la défense. Il apporterait
aussi des éléments de preuve sur la participation d'enfants
à l'UPC.
Un ami du 'témoin 29' mis en cause par la défense viendrait
corroborer le fait que ce dernier a bien combattu au sein de l'UPC.
Qui est Kordo ?
Les procureurs demandent aux juges que soit révélée
l'identité d'une personne désignée par la Cour
sous le nom de Kordo, qui serait un proche de Thomas Lubanga et serait
l'auteur de menaces contre ceux qui collaborent avec la CPI.
Mais il faudra encore du temps
Reprendre contact avec les témoins, les convaincre de revenir
à La Haye, obtenir passeport et visas s'assurer de leur sécurité,
refaire des entretiens préparatoires, fera en sorte que l'on
ne pourra les auditionner que fin juin, début juillet.
La défense a déclaré qu'elle attendra d'avoir interrogé
ces témoins, ainsi que les intermédiaires et les enquêteurs
pour déposer une demande de non-lieu pour vice de procédure.
La défense a encore quelques témoins à présenter
après cela.
Rédigé à partir des compte-rendus
de Wairagala Wakabi: http://www.lubangatrial.org/
et des minutes du procès du 3 juin.
La voix du peuple…
Une radio communautaire de Goma pose des questions à la population
sur la cour pénale internationale (en français).
A écouter sur: http://www.irfj.org/category/drc/kivus-goma-voxpop/
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