Résumé des huit premières semaines
du procès de Thomas Lubanga
Partie 1
Lexique:
Kadogo: mot swahili désignant les enfants soldats
UPC: Union du Peuple Congolais. Parti dont Thomas Lubanga était
président, qui a controlé l'Ituri dans les années
2000
Bunia: capitale de l'Ituri
Hema et Lundu: deux des "ethnies" qui vivent en Ituri. Il
n'y a pas de statistiques fiables, mais les Hemas prétendaient
qu'ils étaient minoritaires en population et donc opprimés
par les Lendu (sur le modèle Tutsies / Hutus du Rwanda). Thomas
Lubanga est de l'ethnie Hema
Le procès de Thomas Lubanga entre dans sa 9ème semaine.
La cour a entendu huit témoins présentés par le
procureur. La plupart témoignent anonymement, parfois la voix
déformée. Une grande partie de ces témoignages
ont lieu à huis clos et sont expurgés des minutes du procès
diffusées sur Internet.
La cour a entendu trois personnes, adultes au moment des faits
;
Un ancien cadre de haut rang de l’UPC est venu témoigner
; Thomas Lubanga a alors quitté brutalement la salle d’audience.
Ce témoin assura que Thomas Lubanga utilisa des enfants comme
gardes du corps : « Lorsque vous aviez des jeunes comme gardes
du corps, personne n’avait rien à dire. C’est ce
que nous préférions (les enfants)».
« Vous aviez des gardes du corps armés âgés
de 14 ans. Saviez-vous que vous commettiez un crime ? » demande
alors l’avocat de la défense. « Cela ne m’a
jamais préoccupé. Je connaissais la famille »
Un ancien président du tribunal de grande instance de Bunia est
venu expliquer comment l’UPC extorquait de l’argent aux
commerçants, et un spécialiste français a éclairé
la cour sur l’histoire des rivalités entre Hema et Lendu.
Les cinq autres témoins sont d’anciens enfants soldats
et le père de l’un d’entre eux.
Ils ont décrit comment ils avaient été enlevés
par des soldats, emmenés dans les camps d’entraînement.
Ils ont décrit les conditions de vie de ces camps : «
Dormir dans des baraques exposés à la pluie », «
ils ne se souciaient pas s’il y avait assez à manger ou
pas»
Une jeune fille dira comment elle a été obligée
à garder ses vêtements civils durant un mois puis une tenue
« militaire » durant le mois suivant, les lavant à
la rivière, les faisant sécher sur elle. Un autre dira
comment on leur rasait la tête avec un tesson de verre.
Suite du résumé dans la prochaine lettre.