Un intermédiaire nie avoir influencé un témoin
Toute la semaine a été consacrée
à l'interrogatoire et contre interrogatoire de 'l'intermédiaire
316'.
Les intermédiaires sont des personnes locales qui ont aidé
sur le terrain les enquêteurs du Bureau du Procureur (BdP) à
recueillir des témoignages. La défense de Thomas Lubanga
accuse certains d'avoir influencé des témoins et de
les avoir incités à mentir.
Au début de la semaine, le juge a regretté que la semaine
précédente se soit passée presqu'entièrement
à huis clos et a demandé au procureur que ses questions
soient tournées de telle manière qu'elles puissent être
posées en session ouverte, ce que celui-ci a promis de faire.
Cependant, comme des noms de personnes devaient être cités,
la plupart du temps, le huis clos a été de mise.
Depuis le début du procès, la plupart des témoins
ont déposé en utilisant des pseudonymes, le visage flouté,
la voix déformée. La crainte est grande que les personnes
ayant collaboré avec la CPI puissent subir des représailles
si leur identité était connue. La Cour a délocalisé
certains témoins de leur lieu d'habitation vers d'autres régions
de la RDC ou même vers d'autres pays.
Le cas du 'témoin 15'
Ce témoin lors de l'enquête du BdP avait affirmé
qu'il avait été enfant soldat dans les rangs de la milice
de l'UPC que dirigeait Thomas Lubanga. Il avait affirmé avoir
vu Lubanga au quartier général de la milice en compagnie
d'autres dirigeants, tels que Floribert Kissembo, ou Bosco N'Taganda.
Il a témoigné qu'il avait assisté à l'exécution
de soldats qui s'était enfuis et avaient été
repris.
En juin 2009, lors de sa déposition, il a "avoué"
qu'il avait menti aux enquêteurs. Sa déposition a été
alors suspendue et il devait faire une déposition à
huis clos avec enregistrement vidéo (voir la lettre
n° 12). En mars dernier, réinterrogé, il a déclaré
qu'il avait menti à l'instigation de 'l'intermédiaire
316' qui lui aurait proposé de l'argent. "A cette époque,
il avait de l'argent, il voulait me payer à boire, et il m'encourageait
à agir. Il me proposait de l'argent et j'ai accepté
de mentir" a-t-il déclaré.
L'intermédiaire en question a déclaré que ces
affirmations étaient fausses. Il a également nié
avoir demandé à ce témoin de déclarer
aux enquêteurs qu'il connaissait des enfants qui avait été
conscrits dans l'UPC et que lorsqu'il était combattant dans
le groupe, il connaissait des filles enfants soldats qui ont accouché.
Mardi, le procureur Manoj Sachdeva lui a lu un extrait de la déposition
du 'témoin 15', "Si on me pose des questions sur une bataille
qui a eu lieu dans un village particulier, je devais donner dans le
désordre le nom de certaines personnes qui étaient dans
l'armée. Nous nous sommes mis d'accord sur cette manière".
"C'est faux", a répondu l'intermédiaire, "Je
ne lui ai donné aucun nom et je n'ai fait aucun commentaire
concernant cela".
Par la suite, comme des noms devaient être cités, la
déposition de l'intermédiaire s'est faite à huis
clos.
La défense a épluché les factures
La suite du contre interrogatoire par la défense s'est concentrée
sur l'examen des factures. L'intermédiaire a été
tenu de justifier au dollar près toutes les dépenses
remboursées par le BdP. L'intermédiaire ayant commencé
à travailler pour la CPI avant d'avoir un contrat et ayant
fournit aussi quelques service après la fin de ce contrat.
Mais, là aussi, comme des noms devaient être cités
la majorité de sa déposition s'est faite à huis
clos.
Le témoignage d'un enquêteur du BdP
est attendu la semaine prochaine
Un enquêteur du BdP qui doit témoigner la semaine prochaine
et qui a été aidé par 'l'intermédiaire
316' a demandé a avoir le texte de la déposition de
celui-ci. En même temps, l'équipe de défense de
Germain Katanga a fait le même demande.
Actuellement, devant la cour de première instance n°2 comparaissent
Germain Katanga et Mathieu Ngudjolo Chiu inculpés de trois
crimes contre l'humanité et sept crimes de guerre. Ils étaient
à la tête de milices Lendu, opposée durant la
guerre d'Ituri à la milice Hema de Thomas Lubanga et Bosco
N'taganda (ce dernier est toujours en fuite).
Quatre témoins sont communs aux deux procès et les juges
ont autorisé les défenses à se communiquer les
dépositions de ces quatre témoins.
Le juge Adrian Fullford avait assuré à 'l'intermédiaire
316' que son témoignage ne serait connu que de la défense
et de l'accusation du procès Lubanga. Il a donc demandé
aux procureurs d'obtenir l'autorisation de l'intermédiaire
pour la divulgation de sa déposition à l'enquêteur
BdP et à la défense de Germain Katanga.
Suite du procès mardi 16 avec la déposition
de cet enquêteur.
Compte rendu réalisé d'après les minutes du procès
et les rapports de Wairagala
Wakabi