Vers la fin du procès
Les juges ont décidé d'un calendrier de la fin du
procès
Ce procès, commencé en janvier 2009, a été
entravé par de nombreuses interruptions et retards. Les procureurs
ont refusé de communiquer des preuves potentiellement à
décharge à la défense. Il a failli être
interrompu définitivement pour abus de procédure après
que la défense ait accusé les procureurs de prétendue
présentation de faux témoins qui ont affirmé
être coachés par des intermédiaires du Bureau
du Procureur. Les juges ont interrompu le procès pour entendre
ces intermédiaires. Ils ont décidé en mars 2011
que l'affaire ne serait pas rejetée pour cause d'inconduite
présumée de l'accusation. Ils ont décidé
que la preuve n'était pas suffisante pour rendre impossible
un procès équitable. Une décision finale sur
l'accusation d'abus de procédure sera prise après la
clôture de l'affaire lorsque les juges examineront toutes les
questions et rendront leur arrêt définitif.
Observations écrites pour le 1er juin et plaidoiries pour
le 25 et 26 août
La chambre de première instance a prévu que les procureurs,
les représentants des victimes, le bureau du conseil public
pour les victimes (BCPV) doivent faire pour le 1er juin leurs observations
écrites. 250 pages pour le ministère public, 50 pages
pour les représentants des victimes et pour le BCPV.
La défense en prendra connaissance et aura jusqu'au 15 juillet
pour réagir en 300 pages maximum. L'accusation pourra y répondre
en 50 pages avant le 15 août.
Sept questions auxquelles l'accusation doit répondre pour
résoudre tous les problèmes juridiques et factuels se
rapportant à l'affaire :
1. Y a-t-il eu un conflit en Ituri, RDC entre le 1er septembre 2002
et le 13 août 2003?
2. Si oui, y a-t-il un lien entre ce conflit et les crimes présumés
?
3. Le conflit était-il international ou non international ?
Les dispositions du statut de Rome sont différentes selon la
nature du conflit.
4. Si le conflit n'était pas international, quels facteurs
doivent être pris en compte si la Chambre pense à modifier
la qualification des faits pour la période incriminée
?
La chambre préliminaire avait statué que le conflit
était international de juillet 2002 au 2 juin 2003 à
cause de l'occupation ougandaise et nationale après le retrait
ougandais de juin à décembre 2003
5. Qu'est-ce que l'accusation doit établir pour prouver la
responsabilité pénale individuelle de Thomas Lubanga
en vertu de l'article 25 3 a du statut de Rome de la CPI ? "…commet
un tel crime, que ce soit individuellement, conjointement avec une
autre personne ou à travers une autre personne, indépendamment
du fait que cette autre personne est pénalement responsable".
6. Donner un sens exact aux termes de "conscription", "enrôlement"
d'enfants de moins de quinze ans et "utilisation pour participer
activement à des hostilités"
Pour la chambre préliminaire : "conscription" est
le recrutement forcé, "enrôlement" fait appel
à un engagement volontaire et "participation active à
des hostilités" comprend la collecte, la transmission
d'informations militaires, le transport d'armes, de munitions ou de
vivres. Elle comprend non seulement la participation directe aux combats
mais aussi des activités liées aux combats telles que
la reconnaissance, l'espionnage, le sabotage, l'utilisation d'enfants
comme leurres, messagers ou aux postes de contrôles militaires.
De même la garde des objectifs militaires ou la sécurité
physique de commandants militaires (gardes du corps).
7. Il faut enfin définir ce que l'accusation doit prouver pour
établir l'élément moral des crimes. Thomas Lubanga
a-t-il sciemment participé à la conscription, l'enrôlement
et l'utilisation d'enfants de moins de quinze ans dans les forces
armées ?
Le 25 et 26 août, l'accusation et la défense auront
chacun deux heures pour les déclarations de clôture,
et les équipes des représentants légaux des victimes
et le BCPV auront quarante minutes chacun.
Pour en savoir plus
Compte-rendu rédigé à partir des
notes prises par Judith
Armatta
La voix du peuple…
Une radio communautaire de Goma pose des questions à la population
sur la cour pénale internationale (en français).
A écouter sur: http://www.irfj.org/category/drc/kivus-goma-voxpop/