Le secrétaire particulier de Thomas Lubanga
témoigne
Utiliser des enfants soldats n'était pas dans les "valeurs"
de Thomas Lubanga
Michel Angayika Baba était le secrétaire particulier
de Thomas Lubanga et dit ne l'avoir jamais quitté.
Lors de sa déposition il a affirmé qu'utiliser des enfants
soldats n'était pas dans les valeurs de Thomas Lubanga, et
qu'il n'a jamais vu d'enfants dans ses gardes du corps.
Lors de la reprise de Bunia par les Forces Patriotiques de Libération
du Congo (FPLC) en mai 2003, il a bien vu des enfants soldats utilisés
par une autre milice qui s'est ralliée ensuite à l'Union
du Peuple Congolais (UPC). Il prétend que Thomas Lubanga a
ordonné leur démobilisation immédiate.
Les enfants "suivaient" les soldats
Le procureur Manoj Sachdeva a pressé le témoin de divulguer
la présence d’enfants dans les FPLC. M. Baba a admis
ce fait, mais a expliqué que les enfants suivaient les soldats
pour obtenir de la nourriture et de la protection et les considéraient
comme des figures paternelles. Ils leur demandaient des vestes et
des pantalons. En retour, les enfants étaient invités
à transporter du matériel militaire. Ils n’étaient
pas formés pour être des soldats, a souligné M.
Baba. Il ne connaissait aucune procédure utilisée par
le FPLC pour vérifier l’âge des soldats.
Un secrétaire qui oublie beaucoup de choses
Le procureur a aussi présenté à M. Baba un document
où le secrétaire général à l'éducation
et à la jeunesse a informé un commandant des FPLC à
Bunia que les enfants de 10, 15 et 16 ans qui étaient prêts
à réintégrer la vie civile devaient être
démobilisés, ce qui signifierait que ceux qui ne le
désiraient pas pouvaient rester dans les forces armées.
M. Baba dit ignorer pourquoi cette circulaire avait été
rédigée comme cela et n'a pas non plus voulu admettre
que Thomas Lubanga avait annulé le programme de démobilisation.
Il ne se souvient pas du meeting du 12 février 2003 où
l'accusé avait harangué ses troupes et appelé
à la mobilisation, ce qui montre bien que l'UPC était
loin de vouloir démobiliser.
Pourtant l'ONU avait demandé la démobilisation des
enfants
Il a aussi admis que Thomas Lubanga avait reçu des plaintes
adressées par l'ONU et d'autres organisations internationales
sur le recrutement d'enfants soldats, mais il a mis cela sur le compte
des critiques des mouvements rebelles pour leur donner une mauvaise
réputation.
Il confirme que des enfants étaient présents au rassemblement
militaire de juin 2003, à Bunia lorsque l'UPC a repris la ville.
Mais il prétend que Thomas Lubanga aurait demandé leur
démobilisation. Le procureur doute que cette demande ait été
transmise et ait eu un quelconque effet.
Face à un reportage diffusé sur la radio de la MONUC,
le 7 février 2003, qui montre que Thomas Lubanga avait exigé
que chaque famille sous son contrôle envoie volontairement un
enfant afin de contribuer à la réalisation de l'objectif
militaire de l'UPC, M. Baba dit ne pas s'en souvenir, pas plus qu'il
ne se rappelle que Thomas Lubanga se soit plaint de n’avoir
jamais été informé que l'UPC ne pouvait pas recruter
d'enfant.
Des enfants de moins de quinze ans combattaient dans les milices
d'auto défense des villages Hema
Le troisième témoin présenté par la défense
de Thomas Lubanga était Origen Lokana Nyamutale Katekpa, coordinateur
des milices d'auto-défense des villages Héma. Il a expliqué
que ces milices avaient besoin de tout le monde sans considération
d'âge. Les villageois achetaient eux-mêmes leurs armes,
souvent auprès des militaires ougandais.
Ce témoin a tenté de montrer la déconnexion entre
les FPLC (milice armée de l'UPC présidée par
Thomas Lubanga) et les milices d'auto-défense. Il a fait mention
d'une rencontre avec la direction de l'UPC où Thomas Lubanga
aurait demandé de démobiliser les enfants de moins de
18 ans et de confier les armes aux FPLC. Mais cela est en contradiction
avec les notes personnelles qu'il a prises lors de cette rencontre.
Thomas Lubanga aurait demandé la démobilisation de tout
le monde sans préciser l'âge, pour laisser la maîtrise
du terrain aux FPLC. Les milices d'auto-défense ont refusé.
Pour en savoir plus
Compte-rendu rédigé à partir des
notes prises par Judith
Armatta
La voix du peuple…
Une radio communautaire de Goma pose des questions à la population
sur la cour pénale internationale (en français).
A écouter sur: http://www.irfj.org/category/drc/kivus-goma-voxpop/