Résumé des huit premières semaines
du procès de Thomas Lubanga
Partie 2
Le procès de Thomas Lubanga entre dans sa 9ème semaine.
La cour a entendu huit témoins présentés par le
procureur. La plupart témoignent anonymement, parfois la voix
déformée. Une grande partie de ces témoignages
ont lieu à huis clos et sont expurgés des minutes du procès
diffusées sur Internet.
Suite de résumés de témoignage d'anciens enfants
soldats:
Ils ont aussi décrit leur participation aux combats : «
Nous allâmes à la mission (catholique) et tuâmes
ceux qui étaient là, y compris le prêtre».
« Nous coupions leur langue et détruisions leur visage.
»
Un témoin a décrit comment il était devenu soldat
à 10 ans. Revenant chez lui, trouvant porte close, pensant que
ses parents avaient fui, il se retrouve avec son cousin près
d’un camp militaire. Le « commandant A » (nom donné
par la cour pour conserver l’anonymat) l’enrôle. Si,
au début il garde le troupeau, il est vite obligé de suivre
partout le commandant. Utilisé pour acheter des objets divers,
pour battre des gens, mais aussi pour arrêter des jeunes filles
pour le commandant. Il décrit comment il a même arrêté
d’anciens camarades pour que le commandant obtienne une rançon
des parents. Il raconte aussi comment il a été puni pour
avoir menti pour sauver une jeune fille : battu et forcé de rester
au soleil. Mais il a témoigné de son attachement au commandant
A : « C’était mon supérieur, aussi ma famille.
» Jusqu’à ce que le commandant A abandonne le
terrain emportant les armes au cours d’un combat qui tourne mal.
(Ses compagnons et lui décident alors de tuer le commandant).
Le commandant A est mort en sautant sur une mine.
Les filles aussi :
Deux témoins ont décrit la première fois où
ils ont tué et comment cet épisode de leur vie les hante.
L’un d’eux est une jeune fille enlevée par les milices
de Thomas Lubanga à l’âge de 13 ans, entraînée
militairement durant un mois et envoyée au combat dans la ville
de Lipi, dont les défenseurs Lundu n’avaient que des arcs
et des flèches : « Lorsque je lui ai tiré dessus,
j’ai vu la personne tomber. Je tremblais de la tête au pied
et j’avais très froid». « j’ai continué
à tirer, mais je ne savais pas si mes balles touchaient quelqu’un».
Obligées d’avorter :
Un témoin dit comment on obligeait les filles à avorter
avec des « méthodes traditionnelles ». Il assura
avoir vu une jeune fille de 14 ans mourir des suites d’un avortement.
Les avocats de la défense essayent de prendre en défaut
les témoignages, mettant en avant des contradictions entre les
premières déclarations faites au personnel de la croix
rouge et celles faites devant le procureur, des contradictions de détails
( avoir été amenés à pied ou en camion au
camp?) et de dates. Par exemple, un témoin a prétendu
aux premiers enquêteurs qu’il a participé à
un combat contre « les Français », puis au procureur
qu'il n'avait pas participé à ce combat. Il aura du mal
à expliquer à la cour, qu’il était présent,
qu’il avait une arme mais qu’il a tiré « au
hasard ». La peur est toujours présente.