Décision des juges d'appel :
Thomas Lubanga ne sera pas libéré
Le procès devrait reprendre bientôt
Décision disproportionnée
Les juges d'appel, ont estimé que la décision de la cour
de première instance, prise le 8 juillet 2010, d'arrêter
la procédure et de libérer immédiatement Thomas
Lubanga était disproportionnée face aux fautes des procureurs.
Un an et demi de procédure, plus de quatre ans
d'emprisonnement
Thomas Lubanga est inculpé de crime contre l'humanité
pour avoir recruté, conscrit et utilisé des enfants soldats
de moins de quinze ans durant la guerre qui a ravagé l'Ituri
au Nord-Est de la République Démocratique du Congo entre
2002 et 2004 (en fait avant mais la CPI ne peut inculper pour des faits
antérieurs à sa création).
Cet ancien commerçant en demi-gros de haricots du marché
de Bunia, diplômé en psychologie de l'université
de Kisanghani, était le chef de l'Union des Patriotes Congolais
(UPC) et est accusé d'avoir participé aux activités
de sa milice.
Il a été arrêté et incarcéré
à La Haye en mars 2006. En 2008, il a bien failli être
libéré pour les mêmes motifs qu'en juillet dernier.
Son procès a débuté en janvier 2009.
28 témoins pour l'accusation
De janvier à juillet 2009, les procureurs ont présenté
28 témoins à charge, anciens enfants soldats, et trois
experts. Ils ont mis en évidence les conditions dans lesquelles
étaient placés les enfants soldats enrôlés
dans les milices de l'UPC.
A l'écoute de ces témoignages, les représentants
des victimes ont demandé en mai 2010 l'ajout des charges d'esclavage
sexuel et traitement cruel. Cette demande a été repoussée
en décembre 2009 par les juges d'appel.
En janvier 2010, trois victimes ont déposé comme témoins
devant le tribunal.
Fin janvier 2010, la défense accuse des intermédiaires
du bureau du procureur (personnes aidant les enquêteurs sur le
terrain à trouver des témoins) d'avoir "coaché"
certains témoins de l'accusation, les amenant à mentir
sur leur condition d'anciens enfants soldats. Le témoignage de
ces intermédiaires est demandé par les juges et débute
fin juin 2010.
Le refus des procureurs
Les procureurs refusent, pour des raisons de sécurité,
de divulguer à la défense le nom d'un des intermédiaires,
désobéissant ainsi à un ordre des juges. Devant
ce refus, les trois juges de la chambre de première instance
décident le 8 juillet de suspendre la procédure et de
libérer immédiatement l'accusé. Ils estiment qu'il
y a "abus de procédure", et que dans ces conditions,
Thomas Lubanga ne bénéficie pas d'un procès équitable.
Les procureurs font immédiatement appel de cette décision.
Voir la lettre n°35.
La décision des juges d'appel
Ils ont estimé qu'une sanction des procureurs aurait été
l'outil adapté pour garder le contrôle de la procédure
et garantir un procès équitable sans avoir recours au
"remède drastique de la suspension de la procédure".
Thomas Lubanga restera donc en prison et le procès devrait reprendre.
Reprise prochaine du procès
Les procureurs et la défense doivent se réunir pour indiquer
quand ils seront prêts à reprendre les débats. Lorsque
le procès a été suspendu, un intermédiaire
du Bureau du Procureur et deux enquêteurs devaient être
entendus. Les procureurs on prévu la déposition d'un témoin
pour réfuter la thèse de la défense. Après
cela, celle-ci exposera ses arguments pour tenter de démontrer
que les intermédiaires ont fabriqué des témoignages
et coaché des témoins, invalidant ainsi les témoignages
de l'accusation.
Retransmission du procès en direct
On peut suivre en direct le procès en se connectant à:
http://livestream.xs4all.nl/icc2.asx
A lire aussi... les réactions en Ituri
Un commentaire écrit par Olivia Bueno de "L'international
Refugee Rights Initiative" en concertation avec des militants congolais
sur http://www.lubangatrial.org/2010/10/13/the-lubanga-trial-resumes-responses-from-ituri/
Réaction de la communauté Héma (communauté
de Thomas Lubanga), de ses rivaux du FNI, craintes des ONG de défense
des droits des victimes et des droits humains et de la communauté
Lendu, dont deux leaders sont actuellement en jugement devant la CPI.
Mais surtout l'incompréhension de la population sur les lenteurs
de la CPI. Enfin, elle fait mention du risque de la reprise des conflits
ethniques, surtout si Thomas Lubanga est libéré.
La voix du peuple…
Une radio communautaire de Goma pose des questions à la population
sur la cour pénale internationale (en français).
A écouter sur: http://www.irfj.org/category/drc/kivus-goma-voxpop/
Compte rendu réalisé d'après les
minutes du procès et les rapports de Wairagala
Wakabi
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