Poursuite des dépositions
des témoins de la Défense
Les juges ordonnent aux procureurs de révéler
le nom des intermédiaires
Lundi, le juge Adrian Fulford a décidé que la Défense
était en droit de connaître le nom de ce "M. X"
intermédiaire mis en cause et soupçonné par la
défense de Thomas Lubanga d'avoir influencé les témoins,
afin qu'il fassent de fausses déclarations aux enquêteurs
de la CPI. L'accusation, comme la défense ont fait des démarches
concernant la levée de l'anonymat des intermédiaires.
L'accusation a demandé que toutes les mesures de sécurité
soient prises. Le juge a également statué sur la divulgation
à la défense d'informations concernant une victime (elles
sont 91 à avoir porté plainte contre Thomas Lubanga),
en relation avec le témoin que la défense présentait
lundi et mardi.
Le dixième témoin a déposé
entièrement à huis clos
Une fois le serment prononcé, cette femme a donné sa
déposition entièrement à huis clos. Celle-ci
a duré deux jours.
La déposition du témoin n°15
Ce témoin qui s'était dédit lors de sa première
déposition en juin 2005 est revenu témoigner après
un nouvel interrogatoire effectué par les procureurs et la
défense.
Il met lui aussi en cause un intermédiaire, qui, à chaque
fois qu'il rencontrait un enquêteur lui indiquait les grandes
lignes de ce qu'il devait dire. "Chaque fois que je devais rencontrer
un enquêteur, il y avait un intermédiaire qui venait
me voir à mon hôtel. Il m'indiquait tout ce que je devais
dire.". "Ainsi, il m'indiquait tout ce que j'étais
supposé dire, ce n'était pas celui qui venait avant
les enquêteurs. Il me donnait les idées générales,
et je pouvais ajouter des petits détails".
Dans sa déposition de 2005, ce témoin prétendait
qu'il y avait beaucoup d'enfants soldats au QG de l'UPC, et que certains
étaient des gardes du corps de Bosco Ntaganda et Floribert
Kissembo. Il prétendait: "ils étaient très
petits et les armes qu'ils portaient étaient plus grandes qu'eux".
Le témoin n°15 a bien admis que l'enquêteur lui avait
expliqué qu'il irait témoigner devant la CPI. La procureure
Nicole Samson lui a demandé s'il avait bien lu sa déposition
et s'il l'avait bien signé. "Non, je n'ai pas lu ma déposition.
La personne qui m'avait présenté à l'enquêteur
m'a donné une sorte de consigne. Il m'a dit que je ne devais
pas lire. Que je devais prétendre que je ne savais pas lire
et déclarer que j'avais des problèmes de vue."
Il a ainsi dit qu'il n'avait pas pris part à l'entraînement
militaire donné par l'UPC.
Ce témoin n°15 a confirmé que les enquêteurs
du bureau du procureur de la CPI n'ont jamais essayé de l'influencer
en aucune manière, et il a confirmé qu'il n'avait reçu
de l'argent que pour payer le transport, le téléphone
et la nourriture. "Ce n'était pas une rémunération
ou un salaire".
Je veux un avocat…
Jeudi, le témoin n°15 a poursuivi sa déposition.
En 2005, pour le protéger, les enquêteurs lui ont proposé
de le "délocaliser". Comme le lieu de délocalisation
ne lui convenait pas, il a demandé en 2006 qu'on lui fournisse
un avocat.
Dans la suite de sa déposition, jeudi il a déclaré
que tout ce qu'il avait dit sur la présence d'enfants soldat
au QG de l'UPC, sur les rencontres entre les chefs de l'UPC et Thomas
Lubanga étaient des mensonges.
Comprenant qu'un faux témoignage était un délit,
il n'a eu de cesse de réclamer à La Haye un avocat.
On lui aurait répondu que étant là comme témoin,
il n'avait pas besoin d'avocat. Il dit qu'il avait peur alors d'aller
en prison.
La suite de son témoignage aura lieu lundi prochain
Compte rendu réalisé d'après les minutes du procès
et les rapports de Wairagala
Wakabi