La défense passe à
l'attaque
Après les dépositions des témoins de l'accusation,
de janvier à juillet 2009, et celles des trois témoins
des représentants des victimes les deux semaines précédentes,
cette semaine ont débuté les dépositions présentées
par la défense.
Faux témoignages et mensonges
Mercredi 27 janvier, Maître Catherine Mabille, qui dirige la défense
de Thomas Lubanga a déclaré qu'elle allait prouver que
six témoins présentés par le procureur n'ont jamais
été enfant soldat et qu'un septième a menti sur
son âge. Elle dénonce un procès inéquitable
puisqu'une partie importante des témoignages serait fabriqué.
Elle a indiqué que les preuves qu'elle apportera démontreront
que les témoins de l'accusation ont été encouragés
à mentir sur des points spécifiques, en particulier sur
leur patronyme et sur le nom de leurs écoles. "Cela a
été fait pour qu'il soit plus difficile de vérifier
les informations. Ils ont été encouragés à
mentir sur leur âge et sur le fait qu'ils auraient appartenu à
un groupe armé de façon à qualifier les charges
contre M. Lubanga" a indiqué Maître Mabille.
La défense ne nie pas qu'il y ait eu utilisation d'enfants soldats
dans les milices FPLC (Front Patriotique de Libération du Congo)
de l'UPC, mais elle tentera de démontrer que Thomas Lubanga n'a
pas participé au recrutement d'enfants soldats et qu'au contraire,
il a rencontré de grandes difficultés pour démobiliser
les jeunes recrues.
Mon fils n'a jamais servi dans un groupe militaire
Le premier témoin présenté par la défense
dit être le père d'un témoin présenté
par le procureur. Il dit que son fils était à la maison
en 2002 et 2003, et que celui-ci a menti devant la cour. L'essentiel
de sa déposition s'est déroulée à huis clos.
Mais ce témoin ne peut pas dire quand il a appris que son fils
devait témoigner devant la CPI, il ne l'a pas revu depuis 2007
et il le décrit comme "rebelle".
Il prétend que son fils a quitté la maison en 2007 et
que plus tard, il s'est fait passé pour un ex-enfant soldat auprès
d'une ONG travaillant à Beni dans l'est de la RDC dont il ne
connaît pas le nom.
A la question du juge Fulford s'il avait dit aux enquêteurs de
la CPI qui l'ont interrogé chez lui que son fils n'avait jamais
été enfant soldat, ce témoin répond :"oui,
je leur ai dit pace qu'il m'ont posé la question clairement,
pour dire la vérité".
Polémique autour des informations tardives apportées
par les procureurs sur les témoins de la défense
Les juges ont admonesté les procureurs pour avoir omis de transmettre
rapidement aux avocats de l'accusé certaines informations importantes
relatives à deux témoins présentés par la
défense.
Maitre Mabille, défenseure de Thomas Lubanga a protesté
devant la cour en indiquant que ce n'était que jeudi dernier
que les procureurs avaient divulgué des informations concernant
les témoins 003 et 004, alors que leurs noms avaient été
donnés au bureau du procureur en août 2009.
Mme Samson procureure, a répondu en indiquant qu'il avait fallu
opérer des compléments d'enquêtes, dont les résultats
n'ont été obtenus que vers décembre et janvier
dernier. Entre autre, un "témoin 297" travailleur social,
impliqué dans la réinsertion d'ex-enfants soldats, qui
devait témoigner pour l'accusation, retiré de la liste
des témoins mais continuant à coopérer avec le
bureau du procureur était connu du témoin 003 présenté
par la défense.
La polémique actuelle sur la divulgation des éléments
d'enquête n'est pas nouvelle. Les inquiétudes quant au
défaut de divulgation de preuves qui pouvaient être à
décharge de Thomas Lubanga de la part de l'accusation, ont déjà
menacé le bon déroulement du procès préliminaire
de 2008.
Le deuxième témoin présenté par la défense
a déposé à huis clos
Bien que sa voix et son image n'aient pas été déformées
électroniquement comme pour la plupart des témoins précédents,
toute sa déposition a été faite à huis clos.
Il poursuivra sa déposition la semaine suivante.
Frustration du public
Du fait de huis clos, imposé pour éviter la divulgation
des noms des protagonistes, il est difficile pour les journalistes de
donner une image claire du déroulement de cette phase du procès.
Ainsi, nous ne savons pas quel est le véritable enjeu des divulgations
tardives des procureurs, ni de la nature des dépositions des
témoins de la défense.
Compte rendu réalisé d'après les minutes du procès
et les rapports de Wairagala
Wakabi
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