Le procès de Thomas Lubanga a repris
devant la CPI jeudi 7 janvier. Il est inculpé de crime de guerre
pour la conscription, l'enrôlement et l'utilisation d'enfants
soldats de moins de quinze ans.
Le bureau du procureur a présenté de janvier à
juillet 2009, 28 témoins dont trois experts. Le procès
n'avait pas repris comme prévu en septembre 2009, notamment
pour l'examen en appel d'une décision prise en juillet de requalification
des charges. L'appel ayant annulé cette demande, les charges
restent les mêmes.
Avant que la défense présente ses témoins, la
cour entendra à sa demande deux experts. A partir de jeudi
12 janvier, trois témoins présentés par les représentants
des 103 victimes seront entendus.
La défense s'inquiète des difficultés pour
faire venir des témoins:
La défense de Thomas Lubanga plaide non coupable et espère
bien démontrer son innocence. Elle s'est inquiétée
du fait que l'ordre dans lequel les témoins devaient être
présentés avait été modifié. Cela
serait dû aux difficultés d'obtention de passeport pour
certains d'entre eux. Or, Catherine Mabille, avocate de Thomas Lubanga
a déclaré que l'équipe qu'elle dirige avait besoin
d'être assurée de l'ordre de comparution de ses cinq
premiers témoins. Elle compte présenter en tout une
trentaine de témoins.
Enfin, elle dénie le droit aux représentants des victimes
d'interroger ses témoins, le règlement de la CPI ne
mentionnant que les procureurs pour les contre interrogatoires.
Radhika Coosmaraswany témoigne devant la cour:
La secrétaire générale adjointe de l'ONU pour
les enfants dans les conflits, Radhika Coosmaraswany a témoigné
en tant qu'experte, jeudi et vendredi dernier.
Se référant au protocole additionnel de 2000 à
la CIDE, elle a rappelé qu'il n'y avait pas de distinction
entre enrôlement et conscription. "Personne n'a le droit
de recruter des personnes de moins de 18 ans dans un conflit armé",
ajoutant que les chefs des groupes armés ne pouvaient pas se
cacher derrière l'excuse que les enfants avaient rejoint leur
groupe armé volontairement. En réponse à Maitre
Biju-Duval, un des défenseurs de Thomas Lubanga sur le fait
qu'un enfant qui a vu sa famille massacrée, son village pillé,
pourrait très bien s'engager volontairement, Coosmaraswany
rappelle que c'est aux dirigeants de ces groupes armés de refuser
ou d'accepter cet engagement, et que ceux qui acceptent, commettent
un crime de guerre.
Les filles participent activement aux hostilités
Radhika Coosmaraswany a surtout insisté sur la notion de "participation
active aux hostilités", en demandant à la cour
de ne pas lui donner un sens restrictif. "Les filles jouent
de multiples rôles dans les conflits, combattantes, porteuses,
éclaireuses, mais aussi esclaves sexuelles…"
Elle a convié les juges à porter leur attention à
tous les enfants et ne pas ignorer ce que les filles ont été
obligées de faire lorsqu'elles furent forcées de rejoindre
les groupes armés "sans regarder si elles ont pris
ou non part directement aux combats." Elle a ajouté
"donnez leur justice pour le chaos des blessures dont elles
ont souffert".
Il faut rappeler une tribune de Noelle Quivenet sur le site du
procès de Lubanga, auteure du livre "Blessures sexuelles
dans les conflits armés et loi internationales", que les
filles enrôlées dans les milices, combattaient, extrayaient
les diamants, espionnaient, cuisinaient, nettoyaient, procuraient
des "services" sexuels, et apportaient une assistance médicale.
Compte-rendu réalisé grâce aux minutes du procès
et aux rapports de Wairagala
Wakabi