"Au cours de la guerre commencée en août 1998
à la suite de la rupture de Laurent-Désiré Kabila
avec ses alliés rwandais et ougandais, le district de l'Ituri,
situé au nord-est de la RDC et riche en ressources minières
et agricoles, a connu une impitoyable "guerre dans la guerre"
causant l'une des plus graves crises humanitaires que ce conflit ait
occasionné : pogroms ethniques, viols, tortures…, faisant
en 2003 plus de 50 000 morts et plus de 500 000 personnes déplacées.
Une grande partie de cette crise était due aux violences inter
communautaires entre groupes ethniques opposés dans des litiges
fonciers remontant à plusieurs décennies et restés
sans solution en raison de l'effondrement de l'État. Ce conflit
a été exacerbé et manipulé par les dirigeants
des groupes armés qui se disputaient le contrôle de la
région et de ses richesses, avec les soutiens changeants de
l'Ouganda et du Rwanda."
Action de la Cour Pénale Internationale:
Enquête:
Le 16 juin 2004, le Procureur a ouvert la première enquête
de la CPI (sur les faits à compter du 1er juillet 2002), enquête
qui a révélé que des milliers de personnes avaient
été tuées sommairement en RDC ou avaient été
victimes de viols, d’actes de torture, de déplacements
forcés. Les enfants ont été particulièrement
touchés lors de ce conflit où l’on compte de très
nombreux enrôlements forcés.
Premières inculpations:
Le 10 février 2006, le Procureur a délivré un
mandat d’arrêt contre Thomas Lubanga Dyilo qui est le
fondateur et le dirigeant présumé de l’Union des
patriotes congolais (UPC). Il a été arrêté
et remis à la Cour le 17 mars 2006.
Thomas Lubanga Dyilo a été inculpé de crimes
de guerre le 28 août 2006, pour les crimes commis en RDC après
le 1er juillet 2002, (date d’entrée en vigueur de la
CPI) avant laquelle il est impossible de faire remonter les poursuites.
Il est principalement accusé d’avoir enrôlé
et conscrit des enfants de moins de 15 ans et de les avoir fait participer
activement à des hostilités.
Comparution devant la chambre préliminaire:
La première comparution devant la chambre préliminaire
a eu lieu le 20 mars 2006. L’audience de confirmation des charges
a eu lieu le 28 septembre 2006. Le Procureur de la CPI a retenu contre
Thomas Lubanga les charges de crimes de guerre suivants: 1)
enrôlement d’enfants de moins de quinze ans; 2) conscription
d’enfants de moins de quinze ans; et 3) utilisation d’enfants
de moins de quinze ans pour les faire participer activement aux hostilités
Les débuts du procès:
La Chambre de première instance I, devant laquelle se déroule
le procès de M. Lubanga, est composée du juge président
Adrian Fulford (Royaume-Uni), et des juges Elizabeth Odio Benito (Costa
Rica) et René Blattmann (Bolivie)
Thomas Lubanga a été reconnu "indigent" par
la CPI, qui paie sa défense. Il est détenu au centre
pénitentiaire de Scheveningen, avec trois autres suspects inculpés
par la CPI.
Son avocate, Me Catherine Mabille, du barreau de Paris, a annoncé
lundi 26 janvier 2009 qu'il plaidait non coupable.
Des avocats représentent aussi quatre-vingt-treize victimes.
Ces dernières peuvent demander au procureur d'ouvrir des enquêtes,
peuvent témoigner ou demander des changements dans la procédure.
Le procès a débuté le lundi 26 janvier 2009 et
a été suspendu le 14 juillet 2009. Cette première
partie a été consacrée à l'audition des
témoins de l'accusation.
Le procureur a présenté 35 témoins dont 28 enfants.
La défense devait présenter ses témoins à
partir de septembre.
A l'écoute des témoignages accablants, les avocats des
victimes ont demandé au mois de mai à ce que soient
requalifiées les charges accusant Thomas Lubanga. Ils demandaient
que soient ajoutées les charges d'esclavage sexuel et de traitements
inhumains. La requête a été examinée et
acceptée en juillet.
Le procureur et la défense ont fait appel de cette décision,
qui pouvait provoquer le prolongement du procès hors des délais
raisonnables, et qui créait un fâcheux précédent,
admettant que l'on pouvait changer l'acte d'accusation en cours de
procès.
L'appel a été accepté début décembre,
les charges contre Thomas Lubanga ne seront pas requalifiées.
Le procès reprendra donc début janvier 2010 avec la
présentation des témoins de la défense.
Il est à noter que le juge Fulford est extrêmement attentif
à la sécurité des témoins. Une grande
partie de leur audition se passe à huis clos, et, à
leur demande, ils peuvent, à l'aide de dispositifs électroniques
ne pas voir l'accusé. Mais, ce que le public a pu entendre
est accablant pour l'accusé. Les crimes d'esclavage sexuel
et de traitements inhumains seront des circonstances aggravantes.
Un deuxième procès a débuté devant
la Chambre de première instance II:
Le procès de Germain Katanga et Mathieu Ngudjolo Chui (les
deux affaires sont liées par une décision de la chambre
préliminaire du 10 mars 2008) a débuté le 24
novembre 2009; suspendu durant la trêve de Noël, il
reprendra fin janvier. Germain Katanga et Mathieu Ngudjolo Chui sont
accusés de sept crime de guerre, dont la participation d'enfants
de moins de quinze ans à des hostilités, et de trois
crimes contre l'humanité. Toujours pour des évènements
ayant eu lieu en 2002-2003.
Le quatrième inculpé pour la RDC, Bosco Ntaganda court
toujours quleque part dans le Nord Kivu.
Jean-Pierre Bemba est en prison à Scheveringen et attend son
procès, et Joseph Koni, le plus grand recruteur d'enfants soldat
en Ouganda,est toujours en fuite avec ses trois autres comparses de
l'Armée Royale du Seigneur.