Compte-rendu réalisé grâce
aux minutes du procès et aux rapports de Rachel
Irwin
Allons-nous vers une requalification
des chefs d'accusation contre Thomas Lubanga?
Le procès de Thomas Lubanga a débuté le 26 janvier
2009 devant la Cour Pénale Internationale. C'est le premier
procès qui a lieu devant cette cour. Il est accusé d'avoir
enrôlé, conscrit et utilisé des enfants soldats
dans le conflit qui a ensanglanté l'Ituri et le nord Kivu (République
Démocratique du Congo) en 2002 – 2003. Contrairement
aux tribunaux spéciaux (Rwanda, Sierra Leone, Ex Yougoslavie
…) en plus des procureurs et de la défense, sept avocats
représentent 99 victimes plaignantes.
Demande de requalification des accusations
par les représentants des victimes
A l'écoute des témoins présentés par
les procureurs, les avocats des victimes on déposé en
mai une requête de demande de requalification des accusations.
Ils ont fait valoir que les faits existants et les dépositions
des témoins permettaient d'ajouter les chefs d'accusation d'esclavage
sexuel, et de traitement cruel et inhumain. "Les jeunes recrues
féminines étaient utilisées comme esclaves sexuelles,
et envoyer des enfants au combat constituait un traitement cruel et
inhumain".
Décision des juges de la CPI
Le 14 juillet, les juges de la CPI ont estimé cette requête
recevable en invoquant l'article 55 du règlement de la CPI.
Opposition du président de la cour
Le président de la cour, le juge Fulford a exprimé
dans un mémoire, son désaccord avec l'opinion de ses
collègues, et l'interprétation de l'article 55.
Les procureurs ont fait une demande de pourvoi
contre les nouvelles charges.
Les procureurs ont argumenté dans un document du 12 août
que l'ajout de nouvelles charges à ce stade du procès
pourrait "affecter de manière significative l'impartialité
du procès", et permettre que "l'accusé
soit condamné pour des faits qui ne sont pas exposés
dans l'acte d'accusation".
"Le procès est à mi-parcours, basés sur
des faits définis dans les charges que l'accusation a déposé
il y a trois ans et qui ont été confirmés par
la chambre préliminaire". "… En élargissant
la base factuelle du procès, la décision [des juges]
suppose que les parties traitent, préparent et enquêtent
sur des incidents et des évènements qui ne sont pas
plaidés".
L'accusation déclare qu'il serait injuste pour l'accusé
et que cela pourrait plolonger le procès de plusieurs mois.
Cela pourrait différer ainsi les futurs procès de la
CPI.
La défense n'a pas précisé si elle ferait aussi
appel de la décision des juges.
Une entrevue de Fatou Bensoussa, assistante
du procureur avec Rachel Irwin, journaliste
http://french.lubangatrial.org/2009/07/31/entrevue-avec-fatou-bensouda-assistante-du-procureur-de-la-cpi/
Dans cette entrevue, datée du 31 juillet Fatou Bensoussa,
explique les position du bureau du procureur et donne ses impressions
après six mois de procès.
A la question de savoir pourquoi le procureur n'a pas porté
l'accusation d'esclavage sexuel, elle répond: "Notre
position reste et demeure que si l’accusé est condamné
pour les accusations existantes portant sur le recrutement et la conscription
d’enfants-soldats, la Chambre retiendrait pour le moins, au
moment de décider la sentence, ces faits comme circonstance
aggravante. Cela a toujours été notre position et nous
pensons que tenir compte de [la violence sexuelle] permettrait d’obtenir
une sentence très lourde. Nous espérons que la décision
de la Cour reflétera la réalité de la violence
sexuelle et du traitement inhumain qui ont été imposés
aux [enfants-soldats]."… "Je pense que nous avons
retenu les chefs d'accusation pour lesquels nous avions des preuves".
Elle répond également à d'autres questions concernant
les problèmes soulevés par la protection des témoins
et la défaillance de deux d'entre eux.