Amnesty International France

Commission Enfants


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Le procès Lubanga devant la cour pénale internationale

Lettre d'information n° 11

semaine 16 (9 juin - 12 juin)

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Mardi 9 juin

 Un témoin élude les questions de la défense.

Lors du contre interrogatoire, le témoin, ancien enfant soldat qui avait déposé la semaine dernière (voir lettre d'information n°10) a détourné les questions de la défense et a accusé l'avocat de Thomas Lubanga d'essayer de le piéger. "Vous vous satisfaites des informations apportées par votre client". "Peut-être que la cours décidera que Thomas Lubanga est innocent, mais je dis que même s'il n'a pas commis toutes ces choses de sa propre main, il était le chef".
 La défense a souligné que ce témoin n'avait pas tout dit aux enquêteurs lors des premières auditions ; qu'il était membre de l'UPC, qu'il avait déclaré à ceux-ci qu'il avait été membre de la milice Lundu, le Front National d'Intégration (FNI) ennemi principal de l'UPC. Ce témoin n'a pas nié qu'il fût passé au FNI après avoir quitté l'UPC, mais que " L'histoire avec l'UPC, je ne veux pas la raconter à mes enfant". " Rien ne me blesse plus que lorsque j'ai vécu à l'UPC. Je ne veux en parler à personne".

  Mercredi 10 juin

 Les enfants soldats sont des enfants

Les enfants enrôlés dans les milices de Thomas Lubanga fabriquaient leurs propres jouets, et jouaient aux billes lorsqu'ils n'étaient pas en train d'apprendre le maniement des armes, témoigne un ancien soldat de l'UPC.
"Ils étaient tout le temps sur le sol à jouer à de petits jeux". "  Vous pouviez voir qu'il s'agissait d'enfants"

 Les filles comme les garçons

Les filles étaient entraînées [militairement] comme les garçons. Ce témoin ajoute : " Je n'ai pas vu de grandes filles à Mandro, seulement des jeunes. C'étaient les filles qui préparaient les repas pour tout le monde à Mandro ». Il les a vues ramasser de grandes herbes pour fabriquer des tresses. " Quelqu'un qui fait cela n'a pas atteint l'âge de la maturité ".
" Je suis père, et j'ai de l'expérience, vous pouvez déterminer l'âge de quelqu'un à partir des apparences, et de ses activités,à mon avis je n'ai pas vu aucune fille âgées de plus de 18 ans", a-t-il répondu à une question du procureur.

 Les enfants constituaient 75% des effectifs de la milice

C'est ce qu'affirme ce témoin. " Ils arrivaient tout juste de chez eux". " Beaucoup avaient perdu leurs parents [lors d'attaques] et rejoignaient l'armée pour se venger".

Jeudi 11 juin

Deuxième jour de témoignage d'un ancien soldat de l'UPC, qui a été formateur des nouvelles recrues.

Thomas Lubanga a déclaré aux nouvelles recrues qu'il voulait transformer la République Démocratique du Congo (RDC)

"Lubanga a demandé aux hommes de rester calme, et a dit que l'UPC voulait la paix et la reconstruction de notre pays". "Ce sera un pays nouveau et jeune". C'était selon ce témoin les propos tenus par Thomas Lubanga dans un discours prononcé au camp d'entraînement de Mandro. Les enfants étaient présents et ont chanté des chants en swahili pour s'encourager et se préparer au combat.
Selon ce témoin, Lubanga n'était pas directement concerné par les opérations militaires. "Le président n'avait aucun rôle dans les opérations militaires, parce que ce n'était pas un soldat". "Il restait à sa résidence et attendait les rapports".
Aux questions insistantes du procureur, ce témoin précise: "Ce n'était pas un militaire". "Il n'était pas là lorsque ça tirait entre les soldats".

Vendredi 12 juin

Viols dans le camp d'entraînement

Troisième jour du témoignage de l'ancien soldat de l'UPC.

Les filles recrutées dans les milices de l'UPC étaient violées par les formateurs et les gardiens. "Les formateurs et autres gardiens prenaient avantage de la situation". "Ces filles étaient utilisées à tout". Service domestique et services sexuels. "Je ne pourrais pas déterminer leur âge d'après leur apparence". Le témoin confirme que cela se passait bien dans le camp de Mandro.
"Il est clair qu'il s'agissait bien de viols, c'est à dire de relations sexuelles avec quelqu'un qui ne veut pas, et qui le fait de force".
A la question du procureur: "Les commandants du centre étaient ils au courant ? ", le témoin répond: "Comment auraient ils pu ne pas l'être ? ".

Suite du procès mardi 16 juin

Notes

  • Mandro est à une vingtaine de km au Nord Est de Bunia. Il y avait un camp d'entraînement de l'UPC
  • Rwampara se situe à 20 km au Sud-Est de Bunia. Il y avait un camp d'entraînement de l'UPC supervisé par l'armée ougandaise
  • Bunia est une des villes principales de l'Ituri.
  • On peut voir une carte très détaillée de l'Ituri sur le site http://www.rdc-humanitaire.net/IMG/pdf/District_d_Ituri_A0_19Dec07.pdf

Sources:

Les minutes du procès: site de la CPI.
http://www2.icc-cpi.int/Menus/ICC/Situations+and+Cases/Situations/Situation+ICC+0104/Related+Cases/ICC+0104+0106/Transcripts/Trial+Chamber+I/

Des articles de journalistes suivant le procès. http://www.lubangatrial.org/   La semaine 16 a été suivie par Rachel Irwin

La présentation des journalistes qui suivent le procès: http://www.lubangatrial.org/contributors/#4

On peut aussi consulter:
Le site de Human Right Watch en français: http://www.hrw.org/fr/news/2009/01/23/le-proc-s-de-thomas-lubanga-la-cour-p-nale-internationale
On peut aussi visionner un résumé vidéo de la première journée du procès sur le site de la FIDH: http://blog.gardonslesyeuxouverts.org/post/2009/01/26/Resume-video-de-laudience-du-26-janvier-2009

Retrouvez toutes les lettres d'information sur le site du groupe 405 http://ai405.free.fr rubrique Actualité "Suivi du procès Lubanga"