Mardi 2 juin
Quatrième jour de la déposition d'un témoin
qui dit avoir fréquemment rencontré Thomas Lubanga. La
plupart de sa déposition a été faite à huis
clos afin de protéger les personnes nommées.
Mercredi 3 juin
Vers une requalification des charges contre Thomas
Lubanga?
Compte tenu de la nature des différents témoignages
entendus par la cour depuis le début du procès, les avocats
des victimes ont demandé le 22 mai aux juges de requalifier les
faits de l'affaire Lubanga en "esclavage sexuel... et en traitements
inhumains et cruels". Certains témoins ont indiqué
que les commandants des camps battaient et tuaient régulièrement
des jeunes recrues dont ils réduisaient fréquemment la
ration. Beaucoup ont déclaré avoir vu ou assisté
à des viols commis par les commandants des camps de l'UPC.
La demande a été transmise aux procureurs,
qui ont répondu de manière technique, alors que le juge
demandait une réponse sur le fond. La défense a jusqu'au
19 juin pour donner son avis, et les avocats des victimes sont tenus
de répondre aux deux parties le 26 juin.
Jeudi 4 juin
Sorti à coups de fouet du camion qui le transportait:
Le témoin, un ancien enfant soldat qui témoigne
anonymement, la voix et son visage sur ordinateur déformés,
a été ramassé sur le chemin de chez lui vers l'école
par des militaires de l'UPC. Il décrit son arrivée au
camp d'entraînement de Mandro. Sorti du camion qui le transportait
à coups de fouet, il décrit l'entraînement des recrues,
garçons et filles mélangés. Il confirme qu'il s'agissait
bien d'un camp d'entraînement de l'UPC. Son témoignage
décrit la journée de formation d'une recrue; parade, entraînement
au maniement des armes. Il cite un ensemble d'armes légères
et lourdes qu'il a vues et pour certaines manipulées: SMG, LMG
(mitrailleuse lourde) mitrailleuse légère, "machingun",
lance roquettes, "Rikwersis", mortier de 82 et de 120, mines,
grenades (de fabrication chinoise). "Le Rikwersis est une grande
arme; je n'ai pas la force de la manier. Je ne peux même pas porter
sa bombe".
La plupart de l'entraînement se faisait avec des fusils en bois
qu'ils devaient considérer comme leur arme. Celui qui le perdait
était fouetté et allait deux jours en prison.
Thomas Lubanga a visité plusieurs fois le camp
d'entraînement de Mando
Le témoin confirme la visite fréquente de
Bosco Ntaganda (responsable de la formation militaire et inculpé
par la CPI), la présence constante de Floribert Kisembo et il
témoigne d'au moins deux visites de Thomas Lubanga.
La formation des recrues devait durer quatre à
cinq mois, mais ils ont été forcés de servir de
renfort aux militaires de l'UPC qui tenaient à ce moment la ville
de Djugu. Ils en ont été chassés par le FNI et
le FRPI (rassemblant l'ethnie Lundu). La fin de la formation était
marquée par une cérémonie de remise d'un uniforme
militaire et d'une arme individuelle.
Refus de répondre:
Le témoin refuse de décrire ce qui s'était
passé lorsqu'il a tenté de s'enfuir. "Pour certains
évènements, il est préférable de ne pas
en parler, cela réveille certains sentiments". A la
question du procureur demandant la manière dont il a été
frappé, le témoin répond: "Non, je ne peux
pas, je pourrais avoir des problèmes et me mettre en colère".
Vendredi 5 juin:
L'échange entre le témoin et la défense
a été assez vif lors du contre-interrogatoire. La défense
a interrogé le témoin sur des détails concernant
son enlèvement par les soldats de l'UPC. Temps de trajet, possibilité
qu'un camion traverse le camp de Mandro... "Bien, ce que je
voudrais vous dire est qu'avant que vous supposiez de telles choses,
vous devriez y aller et voir par vous même" a répondu
le témoin.
Le procès reprend mardi 9 juin
Notes